La légende de Sainte Victoire

Sainte Victoire goûtait depuis quelques années les délices de la vie religieuse lorsque les Sarrasins, ces ennemis du monde chrétien, vinrent tout à coup fondre sur son couvent pour y exercer le pillage et la dévastation. Ce ne fut qu'avec peine et par une fuite précipitée, que Sainte Victoire et ses compagnes parvinrent à se soustraire à la violence et à la brutalité de ces nouveaux vandales. Elles allèrent chercher refuge au delà du Rhône, dans les rochers qui avoisinent le Fort de l'Ecluse. Mais Sainte Victoire qui avait favorisé la fuite de ses compagnes et était partie la dernière, faillit être saisie par les Barbares. Haletante, harassée et épuisée, elle allait tomber aux mains de ses poursuivants dont la rage s'accroissait à mesure que les forces lui manquaient. Dans cette extrémité, elle supplie Dieu de venir à son aide et, pleine de confiance, la sainte s'élance dans le vide du haut de la montagne. Une main céleste la soutient et la dépose de l'autre côté du Rhône, sur la rive déjà atteinte par ses compagnes. On peut encore voir aujourd'hui le "Rocher du Sarrasin" d'où elle prit son envol et celui où elle aborde près des ruines du Château de Léaz puisque le rocher a gardé l'empreinte de son pied droit et de son genou gauche, de sa croix et de la clé du monastère qu'elle avait emportée en partant.

Dans son trajet aérien, Sainte Victoire avait laissé tomber son voile dans le Rhône, et depuis lors, le fleuve présente à cet endroit l'image d'un voile flottant sur les eaux. De plus, avant de prendre la fuite, la Sainte avait plié au coin de son voile les quelques pièces d'argent que possédait le couvent ; c'est pourquoi le voile ne fut pas emporté par le courant. D'ailleurs, au mois de janvier, quand les eaux sont basses, le voile apparaît comme retenu par une pierre à l'un de ces quatre coins et semble former un carré blanc de deux mètres de côté (*)

 

d'après l'Abbé PERGOD

(*) Actuellement, le niveau du Rhône, du à la retenue du barrage de Génissiat, ne permet plus de voir le voile d'écume créé par des remous, à l'origine d'une partie de la légend



Au vuache le premier décembre 2002.